1. Tout commence par une chasse au client… qui reste votre terrain de jeu
Le portage salarial n’est pas une agence de placement : personne ne vous compose un carnet d’adresses sur mesure. C’est à vous, freelance, de sentir le marché, d’envoyer vos propositions, de pitcher sur LinkedIn ou en after-work, bref de faire votre propre prospection. L’intérêt ? Vous gardez la main sur votre tarification et votre calendrier. Vous vendez ce que vous voulez, au prix que vous jugez juste. Lorsque le prospect dit oui, vous prenez quinze minutes pour prévenir la société de portage ; elle n’intervient qu’à partir de cet instant. Tant que l’affaire n’est pas conclue, elle vous laisse libre comme l’air.
2. Trois signatures et la paperasse disparaît de votre radar
Sitôt l’accord commercial ficelé, la société de portage dégaine le trio de documents qui sécurise tout le monde : un contrat de travail (CDD ou CDI de mission) qui vous donne un statut salarié ; une convention de portage décrivant frais de gestion, plafond de responsabilité civile, règles de remboursement de frais ; et un contrat de prestation établi entre la société de portage et le client, dans lequel vous figurez en tant qu’intervenant. Vous relisez, vous signez en ligne, terminé. Pas de numéro SIRET à créer, pas de déclaration TVA à prévoir, pas d’options fiscales à élucider. En moins de quarante-huit heures, le cadre légal est verrouillé ; vous pouvez attaquer le vrai boulot.
3. Exécution de la mission : autonomie totale, mais promesse à tenir
Une fois la mission lancée, vous travaillez à votre manière : horaires libres, choix des outils, télétravail ou on-site, tout dépend de ce que vous avez négocié. La société de portage n’intervient pas dans votre production ; elle n’est ni votre chef de projet, ni votre contrôleur technique. En revanche, sa responsabilité civile professionnelle vous couvre en cas de pépin (faille de sécurité, perte de données, retard grave). Elle peut également, via son extranet, enregistrer vos notes de frais : déplacements, hôtels, licences logiciel. Ces frais sont défiscalisés et ne supportent ni charges patronales ni charges salariales, ce qui augmente discrètement votre net sans alourdir la facture client.
4. Fin de mois : un reporting succinct, puis vous passez la main
À la clôture de chaque période (mensuelle ou à la livraison d’un lot), vous transmettez un simple compte-rendu d’activité : nombre de jours travaillés ou livrables validés. À partir de là, la mécanique automatique se déclenche. La société de portage édite la facture, l’envoie au client, relance si besoin, encaisse le règlement, prélève ses frais de gestion (souvent compris entre 5 % et 10 % du montant hors taxes), calcule les cotisations sociales, puis crédite votre salaire sur votre compte bancaire. Selon les porteurs, le virement peut tomber dès le premier jour du mois suivant, même si le client paye plus tard : on appelle ça l’avance sur salaire, précieuse pour lisser sa trésorerie.
5. Entre deux missions : un CDI qui dort, un revenu qui s’interrompt
Lorsque votre mission s’achève, votre contrat de travail n’est pas forcément rompu. Si vous avez signé un CDI, il reste actif, mais la rémunération s’arrête tant qu’aucune nouvelle prestation n’est enclenchée. C’est à la fois un avantage et une contrainte : vous échappez aux formalités d’embauche à chaque nouveau projet, mais vous ne touchez rien durant les périodes creuses. À vous donc de rebondir vite : démarcher, réseauter, publier une étude de cas, rejoindre un Slack de consultants. Vous restez salarié au sens de la Sécurité sociale, mais sans fiche de paie, donc sans trésorerie.
6. Les pièges à déminer avant de signer
Première vigilance : les frais de gestion. Au-delà de 10 % lorsque votre chiffre d’affaires dépasse 80 000 € annuels, le deal devient cher ; comparez les offres. Deuxième point : certaines sociétés veulent l’exclusivité de vos clients ; cela peut brider votre liberté si vous travaillez déjà avec un autre porteur. Troisième alerte : le plafond de la RC Pro. Si vous touchez à la donnée sensible ou à la cybersécurité, visez au minimum un million d’euros par sinistre, sinon le jour où ça dérape, l’assurance ne suffira pas. Il reste que bénéficier de ce statut est simple, à vous de voir 😉
7. Pourquoi ça reste une formule redoutablement efficace
Le portage salarial gomme la double angoisse du freelance débutant : la solitude administrative et l’absence de protection sociale. Vous profitez du chômage, de la mutuelle, de la retraite complémentaire, sans vous coltiner la liasse fiscale. Vous facturez comme une TPE, on vous paie comme un cadre. Et si vous préférez évoluer vers votre propre SASU, rien ne vous bloque : il suffit de clore la convention, de monter vos statuts et de récupérer vos clients. Bref, c’est un sas d’essai, un tampon entre le monde salarié et l’indépendance pure.
Une mission en portage salarial se résume donc à quatre gestes : décrocher le client, signer un trio de contrats, produire, envoyer son compte-rendu. Le reste – facturation, déclarations Urssaf, relances, versement du salaire – se dissout dans les rouages de la société de portage. Pour quiconque veut la liberté commerciale sans la paperasse, c’est aujourd’hui la combinaison la plus simple et la plus rapide pour vendre son expertise, toucher son argent et recommencer.